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dimanche 16 août 2015

Croissance 0% en France, alors que les plus pessimistes comptaient sur 0,3%

Désaveu cinglant pour les menteurs socialistes au pouvoir et dans la presse 

C
roissance nulle en France au deuxième trimestre, mais aussi déprime de la consommation des ménages et de l'investissement des entreprises

sont analysés pour Le Figaro par les économistes Gérard Thoris et Jacques Delpla.

LE FIGARO. -
Comment expliquer le "choc" de ce chiffre de 0%, alors même que les plus pessimistes tablaient encore sur 0,3%?

Gérard Thoris. - On oublie que la France vit une période de déflation latente, avec une hausse des prix d'à peine 0,2% sur un an, ce qui est très faible. Or, quand les prix ont tendance à baisser, les gens ne se précipitent pas pour acheter et,  s'il n'y a pas de demande, il n'y a pas d'investissement. Conséquence que l'on constate dans les chiffres: cette croissance nulle est largement liée au recul de la consommation et de l'investissement des entreprises. Et quand on est dans une situation déflationniste, il est très difficile d'en sortir. On peut d'ailleurs le comprendre aisément avec l'immobilier: si vous pensez que les prix vont baisser, vous n'achetez pas, et même si les taux d'intérêts sont très faibles, cela n'y change rien.

Bien sûr, on peut se réjouir des bons chiffres des exportations (+1,7% au 2e trimestre, ndlr), mais il s'agit, pour beaucoup, de secteurs à l'activité cyclique comme l'automobile. Ce n'est pas cela qui tirera la croissance française vers le haut dans la durée. Et d'ailleurs, je note que l'on ne communique absolument pas sur l'impact de l'embargo russe, qui a forcément des conséquences. [Cet embargo accusé de tous les maux est la conséquence des sanctions prises par Obama, Merkel, Cameron et... Hollande contre la Russie, suite au procès fait à Poutine d'avoir accepté que la Crimée se fédère à la Russie par référendum populaire]

Jacques Delpla. - Ce chiffre est une douche froide. Même si la croissance en fin d'année sera peut-être autour de 1%, on voit que la conjonction d'effets positifs comme la baisse du prix du pétrole [largement du fait de la production de pétrole de schiste par exploitation du gaz de schiste américain par Obama] et le taux de change favorable [aux produits de la zone euro] (qui explique nos bonnes exportations) n'ont guère d'effets globaux dans la durée. J'attends d'ailleurs de voir le chiffre du taux d'épargne des ménages qui n'a pas encore été publié. Je pense qu'il sera à la hausse: les gains de la baisse du pétrole ont été conservés par les ménages qui ne l'ont pas transformé en consommation. Ce n'était qu'un feu de paille.

La croissance au 1er trimestre a été révisée à +0,7%. Que s'est-il passé pour expliquer un tel retournement entre le 1er et le 2e trimestre ?

Gérard Thoris. - L'idée que le taux de change favorable allait forcément jouer dans la durée était une vision optimiste qui ne s'est pas réalisée. Mais si vous regardez dans le détail les chiffres des derniers trimestres, vous constatez une tendance nette: le bon chiffre du 1er trimestre 2015 était une exception, tout simplement.

Jacques Delpla. - Une grosse partie de la baisse des prix issue des cours du pétrole et du taux de change a été captée au premier trimestre. Cela a donc conduit à ces bons chiffres. Mais ça ne marche qu'une fois… Et maintenant, on revient aux mauvaises nouvelles habituelles, avec en plus un nouveau facteur: la baisse du secteur du bâtiment, qui parvenait jusque-là à se maintenir malgré la crise. En plus d'être une très mauvaise perspective sur la question de l'emploi pour François Hollande, je pense que la morosité dans ce secteur va durer dans le temps, tirant vers le bas toute possibilité de rebond, comme celle issue par exemple des exportations.
L'autre facteur très inquiétant, c'est le niveau d'investissement des entreprises. Il n'est qu'à +0,2% seulement, alors qu'étant donné le contexte énergétique et de taux de change, il devrait être à +5% au moins ! En fait, nous sommes dans le meilleur contexte possible pour l'investissement. Et malgré tout, après le rebond mécanique du premier trimestre, nous sommes, dans les chiffres, à peu près à zéro.

Le chiffre de croissance allemand pour le deuxième trimestre vient de tomber: +0,4%. Comment expliquer que nos voisins arrivent à se maintenir dans la durée, là où la France dévisse?

Gérard Thoris. - La France n'a fait aucune réforme structurelle, c'est quelque chose de tabou pour le pays. Et ces changements à mener, nous les connaissons tous. On ne fait rien pour le marché du travail. On ne veut pas aller vers des politiques qui pourraient générer de la croissance, comme on l'a bien vu avec Uber. Peut-être que la loi Macron aura un impact, mais j'en doute car elle ne s'attaque finalement à aucun symbole fort.

Jacques Delpla. - L'Allemagne va peut-être souffrir le prochain trimestre du fort ralentissement chinois, sachant que nos voisins se reposent beaucoup sur leurs exportations. L'écart avec la France ne va donc peut-être pas durer. Mais ce n'est pas dramatique pour eux. Au fond, l'Allemagne craint assez peu une période de croissance faible: elle est quasiment au plein emploi et sa population n'augmente quasiment pas. Les Allemands n'ont pas les contraintes de la France.



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